Donner sens aux différents impacts de la crise sanitaire dans le domaine social et médico-social

Force est de constater que les espaces d’analyse de la pratique professionnelle comme de l’analyse des pratiques managériales sont percutés par nombre de problématiques et de questionnement liés à la crise sanitaire qui nous traverse, avec son cortège de peurs, de culpabilités, d’insécurité, d’invisibilité. Cela dans un bouleversement désorganisateur spatiotemporel.

Les professionnels du social et du médico social expriment du « jamais vécu », de « quelque chose » associée à de la sidération tant dans une dimension individuelle que collective.

Il faudra d’abord comprendre pour apprendre, dans un temps et un espace dédié d’accueil, d’analyse et de formation propres à chaque environnement associatif ou institutionnel.

Il apparaît donc aujourd’hui essentiel de prendre soin de l’expression des ressentis et éprouvés de chacun, cela comme base nécessaire à les transformer en éléments dynamiques détoxiqués de leur fonction parfois traumatique.

En situation traumatique, de menace et d’isolement, la cohésion d’une équipe est dépendante des liens verticaux et horizontaux qui lient ses membres entre eux. Le confinement produit un relâchement des liens de cohésion horizontaux, entre « ceux qui nous lient à nos voisins », ici à nos collègues de travail avec lesquels les interactions sont plus distantes avec l’isolement, voire deviennent inexistantes avec le confinement. Ne serait-il pas important de compenser ce relâchement par un renforcement des liens verticaux, du « bien-commun », de la solidarité, du projet (dans son étymologie) renforçant ainsi le sentiment de résistance collective face à la menace ?

Cette proposition de travail est celle d’une remise en pensée, d’un possible passage de l’intelligence émotionnelle individuelle vers l’intelligence collective et cognitive.

« Les crises, les bouleversements et la maladie ne surgissent pas par hasard. Ils nous servent d’indicateurs pour rectifier une trajectoire, explorer de nouvelles orientations, expérimenter un autre chemin de vie ». Carl Gustave JUNG ne pose t’il pas ici les bases de ce travail de compréhension (que nous est-il arrivé ?) d’analyse et de mise en perspective (qu’allons nous en retenir et en faire ?).